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Rencontres scientifiques

Genre et création dans l'histoire des arts vivants - décembre 2013

Destiné à nouer un dialogue entre l’histoire des arts vivants (théâtre, musique, danse), l’histoire des femmes et les études de genre, ce colloque international abordera, dans la longue durée (du Moyen Âge à l’époque contemporaine), plusieurs questions liées à l’acte créateur, à sa réception et à sa mise en récit. En explorant les représentations sociales collectives associées aux pratiques des arts vivants, ainsi que les stratégies de résistance aux contraintes et aux normes, nous tâcherons d’examiner : le rôle joué par le corps genré dans l’interprétation ; la complexité de la mémoire de l’événement éphémère et sa mise en récit ; les difficultés de nommer au féminin certaines fonctions qui relève d’une division sexuée du travail de création. Nous questionnerons l’histoire des lacunes et des processus genrés d’invisibilisation dans l’historiographie des arts vivants qui ont contribué à la formation des disciplines académiques, elles-mêmes traversées par des stéréotypes de genre.

Le débat s’organise en trois axes : le premier, « Gestes et interprétation », porte sur le moment de l’action et de son incarnation ; le second, « Fabrique de l’art et construction de soi », sur sa mise en discours et en normes ; le troisième, « Transmission et héritages », sur son inscription dans le temps.

Comité scientifique : Alessandro Arcangeli (Università di Verona, Italie) • Esteban Buch (CRAL, EHESS/CNRS, France) • Susan Manning (Northwestern University, USA) • Hélène Marquié (Université Paris 8, France) • Roxane Martin (Université de Nice – Sophia Antipolis, France) • Felicia McCarren (Tulane University, USA) • Raphaëlle Legrand (Université Paris-Sorbonne, France) • Stefano Lorenzetti (Conservatorio di Vicenza, Italie) • Annelis Kuhlmann (Aarhus Universitet, Danemark) • Henry Phillips (Univ. of Manchester, UK)

Argumentaire

Si depuis plusieurs décennies, en France, les différentes disciplines artistiques (littérature, histoire de l’art et cinéma, notamment) se sont considérablement ouvertes à l’histoire des femmes, aux théories féministes et aux études de genre, le dialogue avec l’histoire des arts vivants (théâtre, musique, danse) reste encore à établir. De ce fait, la périodisation, et les cadres géographiques et culturels de cet appel restent volontairement ouverts. Nous souhaitons appuyer des initiatives de recherches, impulser des propositions, en évitant de restreindre un champ de recherche amené à s’épanouir dans des directions que les communications viendront en partie circonscrire. Aussi, le périmètre des « arts vivants » est entendu au sens large : nous sollicitons des recherches sur l’histoire du théâtre, de la musique et de la danse, mais aussi sur le cirque, les cultures populaires, les performances rituelles,  les décors, l’éclairage, les costumes, le maquillage, etc.

Étudier les actes de création au prisme du genre nous confronte à un certain nombre de paradoxes inhérents aux arts vivants et nous invite à répondre à une série de questions. Quel rôle joue le corps genré dans l’interprétation ? Comment traiter la complexité de la mémoire de l’événement et de sa création ? Dans quelle mesure les traces et les lacunes font-elles apparaître l’histoire genrée des arts vivants ? La difficulté de nommer au féminin certaines fonctions ne relève-t-elle pas d’une division sexuée du travail de création ? Enfin, comment la construction des identités de genre façonne, et est modelée en retour par le contenu des œuvres et les techniques d’interprétation ?

Nous proposons trois axes de réflexion qui répondent au caractère éphémère des arts vivants et à la complexité temporelle de leurs traces éparses et polymorphes. Le premier, « Gestes et interprétation », porte sur le moment de l’action et de son incarnation ; le second, « Fabrique de l’art et construction de soi », sur sa mise en discours et en normes ; le troisième, « Transmission et héritages », sur son inscription dans le temps.

Axes

1. Gestes et interprétation (le jeudi 12 décembre 2013)

Ce premier axe invite à une réflexion sur le geste (théâtral, musical, dansé) et son lien avec le corps genré. Nous interrogerons : (1) la notion d’interprétation, d’une tradition, d’un texte, d’une partition, d’une chorégraphie, et leur réception ; (2) les mécanismes qui ont abouti à la distinction et à la hiérarchisation entre interprètes et créateurs /créatrices ; (3) la marginalisation de certaines pratiques dites féminines, privées ou amateures notamment, et leur mise à l’écart des définitions traditionnelles du mot art.

2. Fabrique de l’art et construction de soi (le vendredi 13 décembre 2013)

Ce deuxième axe porte sur les représentations et la mise en discours et en normes des pratiques de création selon une logique genrée. Nous verrons la façon dont les créateurs et créatrices se sont positionné-e-s et construit-e-s avec, contre ou en dehors de ces discours. Nous sollicitons des études terminologiques et des analyses discursives qui permettent de discerner, pour chacun des arts, les représentations sociales collectives associées aux pratiques, et/ou aux stratégies de résistance aux contraintes et aux normes.

3. Transmission et héritages (le samedi 14 décembre 2013)

Dans ce dernier axe, nous proposons d’examiner l’inscription mémorielle des créatrices/créateurs et de leurs pratiques, ainsi que les amnésies volontaires et les mécanismes de l’oubli. Nous questionnerons l’histoire des lacunes, des silences et des processus genrés d’invisibilisation dans l’historiographie. Il s’agira également d’explorer les liens entre des « pratiques artistiques » qui s’inscrivent dans un héritage culturel qu’elles répètent et inventent, l’histoire de la construction des savoirs, et la mise en forme des disciplines académiques, elles-mêmes traversées par des stéréotypes de genre.

Avec le soutien logistique et financier de : la Columbia University in Paris, Reid Hall ; l’Institut national d’histoire de l’art ; le Centre national de la recherche scientifique ; l’École des hautes études en sciences sociales ; le Centre de recherches historiques ; l’Institut du genre ; l’Institut Émilie du Châtelet ; le LabEx Création, arts, patrimoines ; la Fédération de recherche sur le genre RING ; le Centre de recherches sur les arts et le langage ; Patrimoine et langages musicaux ; le Cercle de recherche interdisciplinaire sur les musiciennes ; l’Université Paris-Sorbonne ; la Délégation générale à la langue française et aux langues de France du Ministère de la culture et de la communication.

CRAL
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