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Le sensible à l'oeuvre : savoir du corps entre esthétique et neurosciences (15/05/14)

 Colloque interdisciplinaire
jeudi 15 mai 2014, Paris (INHA)

Le sensible à l'oeuvre : savoir du corps entre esthétique et neurosciences

 

Organisé par le CRAL/CEHTA/EHESS
sous le patronage du Département de Philosophie de l’Università degli Studi de Milan
avec le soutien de la Fondation Calouste Gulbenkian, Paris 

Organisateurs :
Esteban Buch, Chiara Cappelletto, Fernando Vidal


Cliquer ici pour voir la vidéo en grand écran sur la chaîne YouTube du CRAL.

I. La neuroesthétique : histoire et perspectives d’un nom de guerre 

Introducion par Esteban Buch, Chiara Cappelletto et Fernando Vidal
( 5 min 53 sec )

 

 Jean-Marie Schaeffer (CRAL)
A plea for aesthetic experience 
( 40 min 18 sec )

 

 Margaret Livingstone (Harvard University) 
What art can tell us about the brain 
( 55 min 24 sec )

 

 Discussion avec Jean-Pierre ChangeuxJean-Marie Schaeffer et Margaret Livingstone
( 50 min 29 sec )

 

 II. Le corps en action : pour une interdisciplinarité des approches

  Maria Alessandra Umiltà (Université de Parma)
Action contributes to perception of visual artworks and movies
( 38 min 05 sec )

 

 Andrea Pinotti (Université de Milan)
Empathie et hésitation: l’image comme désamorçage neurologique 
( 28 min 35 sec )

  

Discussion avec  Andrea Pinotti et Maria Alessandra Umiltà 
( 35 min 43 sec )

 

 Corinne Jola (Abertay University) 
Embodied neuroscience: Making sense of dance 
( 22 min 48 sec )

 

  Georges Didi-Huberman (CRAL/CEHTA) 
Minima lumina. Phénoménologie et la politique de la lumière
( 29 min 52 sec )

 

   Discussion avec Corinne Jola et Georges Didi-Huberman
( 12 min 27 sec )

 

 III. Arts et neurosciences : défis et enjeux

 
Table ronde avec Anne Simon (CRAL)
( 13 min 29 sec )

 

 Table ronde avec Josette Féral (UQÀM)
( 16 min 03 sec )

la vidéo a été supprimée

 

  Conclusion Chiara Cappelletto et Fernando Vidal
( 30 min 17 sec )

 

Le colloque interdisciplinaire Le sensible à l’oeuvre : savoirs du corps entre esthétique et neurosciences vise à élucider les enjeux ainsi que les perspectives de recherches souvent regroupées sous l’appellation de « neuroesthétique », en explorant les débats et les principales questions qui les animent. 

Le terme « neuroesthétique » indique, depuis déjà plus d’une vingtaine d’années, un très large champ d’études consacrées aux relations entre les arts et les neurosciences, et privilégiant jusqu’à présent le domaine du visuel. En raison des connotations que peut évoquer le préfixe neuro ainsi que de certaines des perspectives développées par les premiers auteurs se réclamant explicitement de la « neuroesthétique », celle-ci a fait l’objet de confrontations aussi âpres que prévisibles. Rappelons par exemple l’opposition entre la naturalisation prétendue réductionniste des processus de production artistique et de réception esthétique d’un coté et, de l’autre, la liberté créatrice et l’expérience vécue du sujet. De tels antagonismes apparaissent comme une déclinaison récente du « problème corps-esprit ». Or celui-ci ne cesse de se renouveler dans les discussions que suscitent la psychologie et les sciences cognitives – alors même que ces disciplines parfois semblent le considérer comme résolu ou le tenir pour dépassé. Le temps est donc venu d’examiner en profondeur le projet de la « neuroesthétique » et de mieux appréhender ce qu’il mobilise dans la pensée contemporaine. 

La « neuroesthétique » n’occupe pas un espace que la recherche théorique aurait laissé libre à cause de la faiblesse présumée de cette dernière par rapport aux savoirs empiriques. Certes, elle manifeste la force d’un matérialisme qui a été renouvelé grâce à la sophistication des techniques expérimentales – particulièrement d’imagerie cérébrale – appliquées à l’étude des processus conscients et inconscients, y compris des émotions suscitées par les oeuvres d’art, dont l’ancrage corporel est depuis fort longtemps reconnu par la psychologie de l’art et par l’esthétique. Toutefois, au-delà de son apport empirique, la « neuroesthétique » peut contribuer à établir un savoir conceptuel. Car son existence même semble être l’indice d’une urgence théorique emblématique de notre époque, celle de comprendre le pouvoir cognitif du corps : premier objet du comportement réflexif de l’homme, agent d’intentionnalité et de motricité, lieu d’émotions et de résonance affective, il est le principal moyen dont l’artiste et le récepteur disposent pour établir leur relation vis-à-vis de l’oeuvre.

D’un point de vue méthodologique, la caractéristique fondamentale de cette entreprise est son appel à de multiples disciplines. Elle tend cependant à produire une hétérogénéité de connaissances qui se font concurrence, plutôt que de participer à l’interdisciplinarité telle que Roland Barthes l’imaginait dans De l’oeuvre au texte (1971) lorsqu’il disait qu’elle « ne peut s’accomplir par la simple confrontation de savoirs spéciaux » et commence effectivement quand « la solidarité des anciennes disciplines » se défait au profit d’un objet et d’un langage nouveaux qui ne leur appartiennent pas. Il s’agira donc d’imaginer le nouvel « objet théorique » que les recherches sur les arts et ses mécanismes neurobiologiques ne semblent pas en mesure d’établir à elles seules. 

Le colloque Le sensible à l’oeuvre cherchera à réfléchir aux articulations possibles de méthodes et de contenu, ainsi qu’à une stratégie d’investigation appartenant en propre aux sciences humaines. Alors que les deux conférences initiales, par le philosophe Jean-Marie Schaeffer et la neurobiologiste Margaret Livingstone, ouvriront la voie à une interrogation critico-historique de la « neuroesthétique », les quatre interventions de la deuxième partie de la journée seront consacrées au corps qu’elles aborderont de plusieurs points de vue. 

Comme nous le verrons grâce aux projections vidéo de l’après-midi, ce paradoxal « objet vivant » a été travaillé moins par le body art que par la peinture, la danse, le théâtre et une grande partie de l’art contemporain, des drippings de Jackson Pollock au pianiste dont Philippe Parreno efface le soma tout en matérialisant l’énergie nécessaire à l’action de jouer. Dans ce but, l’idée de performance se révèlera être particulièrement féconde, car elle élimine l’opposition entre le corps et l’esprit – pensés plutôt en tant que pôles d’une relation – et pourra orienter l’élaboration de l’« objet théorique » évoqué plus haut. Le corps ne sera donc pas réduit à une case study à exploiter pour enquêter sur les conditions neurobiologiques des arts ; il sera au contraire abordé comme un « a priori matériel », suivant l’expression de Mikel Dufrenne. 

Il s’agira ainsi de rappeler que l’esthétique ne peut jouer son rôle dans la philosophie qu’en s’attachant à la corporéité, puisqu’elle conjugue par principe la théorie de l’art avec une esthésiologie qui postule le lien inhérent entre le vécu et le corps vivant. 

La journée se conclura par une table ronde réunissant tous les intervenants, auxquels se joindront Anne Simon, Josette Féral et Jean-Pierre Changeux. 

Le colloque Le sensible à l’oeuvre est organisé par le CRAL/CEHTA/EHESS sous le patronage du Département de Philosophie de l’Università degli Studi de Milan et a bénéficié du soutien de la Fondation Calouste Gulbenkian de Paris. 

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Fax : +33 (0)1 53 63 56 21
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