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Ethiques de Michaux (3-5/03/16)

Colloque
"Éthiques de Michaux"

3-5 mars 2016

Organisation : Laurent Jenny, Marielle Macé, Martin Rueff, Bernard Vouilloux

 
Entretiens et présentation du colloque

L’oeuvre littéraire et picturale d’Henri Michaux est aujourd’hui reconnue comme l’une des plus importantes du XXe siècle, mais cet accomplissement esthétique serait de peu de poids s’il ne s’enracinait dans un souci éthique. Poteaux d’angle explicite avec vigueur cet enjeu dans les dernières années de Michaux; ce recueil se présente comme un ensemble de préceptes; mais ces préceptes, moins «moraux» qu’éthiques, tiennent souvent de l’énigme ou du koan zen propre à sidérer le disciple; le tutoiement n’y indique nullement que l’auteur se pose en «maître de vie», c’est l’allure naturelle d’un dialogue avec soi-même dans l’effort vers un dépassement: Michaux s’y prescrit de ne jamais se laisser arrêter par les formes, fussent-elles les siennes propres: «Va suffisamment loin en toi pour que ton style ne puisse plus suivre». Ce devoir d’échapper à soi-même et à son oeuvre, qui fait de l’expression non pas une fin mais un «commencement», a en vérité toujours guidé Michaux. Toujours il s’est agi pour lui de se servir de l’écriture ou du dessin comme d’instruments pour identifier des formes de vie possibles, questionner des moi trop vite traversés. Michaux a cherché par un travail des formes à reconnaître en lui-même des «personnalités secondaires» («gaucherie», rêve, folie, enfance…), à se dégager des tentations d’enfermement, à «se délivrer d’emprises», comme le dit la préface d’Epreuves, exorcismes. C’était déjà vrai des premiers livres d’exploration, Ecuador et Un barbare en Asie où Michaux, bien au-delà du pittoresque, sonde, traverse et éprouve des styles d’être qui ébranlent son européanité. Cela l’est encore dans les années 50, avec la tétralogie amorcée par Misérable miracle: une drogue n’y est pas«quelque chose» à décrire, mais «quelqu’un» à investir provisoirement, dans ses pouvoirs et dans ses impuissances. L’oeuvre picturale enfin, animée par une véritable cinématique, poursuit, elle aussi, cette éthique de la mobilité, formulée dans quelques écrits, et incarnée dans une aventure de lignes qui en deviennent presque l’épure visible.

C’est cette dimension éthique de l’oeuvre de Michaux, indémêlable donc de son esthétique, qui constituera l’objet de ce colloque. On s’efforcera de la mettre en lumière dans tous les aspects de son oeuvre écrite ou peinte, et d’en suivre l’aventure, souvent évoquée par la critique mais rarement approfondie pour elle-même
 
 

Allocution de Frédéric Tinguely,
Vice-doyen de la Faculté des Lettres


Introduction de Laurent Jenny
(Université de Genève)


"Le sens des limites" par Martin Rueff
 (Université de Genève)


"La vie se débat dans ses formes" par Marielle Macé
 (CRAL-CNRS/EHESS)


 

"Autour de «L’espace aux ombres»" par Claude Mouchard 
(Ecrivain, Orléans)


"L’idiot intérieur" par Nathalie Piegay 
(Université de Genève)


"«Celui qui a cru être ne fut qu’une orientation»" par Muriel Pic
 (Université de Berne)


"Ethique du moi rêveur" par Laurent Jenny
 (Université de Genève)


"Réflexions finales" par Raymond Bellour
 (CRAL-CNRS/EHESS)


"‘Se parcourir’: l’éthos du peintre" par Bernard Vouilloux 
(Paris 4-Sorbonne)

 

Le colloque s'est tenu parallèlement à une exposition Henri Michaux et Zao Wou Ki dans l’Empire du signe organisée par Bernard Vouilloux à la bibliothèque Bodmer (5 décembre 2015 - 10 avril 2016).

Département de Langue et littérature françaises modernes
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CRAL-CNRS / EHESS

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