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Quand la lumière devient couleur

Quand la lumière devient couleur

Georges Roque
Gallimard, Art et Artistes ,  2018,  248 p.
Cet ouvrage a pour objet les rapports entre couleur et lumière, principalement en histoire de l’art. Ces rapports complexes n’avaient pas encore été étudiés sous l’angle retenu : la dépendance de la couleur à l’égard de la lumière, puis son difficile affranchissement. De fait, la plupart des traités artistiques depuis la Renaissance font dépendre la couleur de la lumière. Le vocabulaire utilisé est à ce titre éloquent : des termes comme « valeur » ou « ton » rendent cette dépendance patente dans la mesure où ils mettent en évidence la luminosité d’une couleur comme critère de sa « valeur ». Aussi l’objectif est-il d’aller à l’encontre de cette vieille tradition très ancrée dans les milieux académiques. Cette question est abordée sous différents angles. L’un consiste à interroger les rapports entre les deux premiers parmi les trois critères qui définissent d’ordinaire une couleur donnée (teinte, clarté et saturation). En effet, au sein de la définition d’une couleur, à côté de la teinte (bleu en tant que distinct du rouge et du vert) intervient déjà un critère qui tient à la luminosité, la clarté, lequel était linguistiquement prédominant dans l’Antiquité, rendant ainsi difficile une histoire des couleurs jusqu’à la fin du Moyen Âge. Un autre aspect des relations entre couleur est lumière est géographique : il consiste à interroger l’opposition classique faite entre le Nord qui serait coloré et le Sud lumineux, une distribution datant de l’Époque des Lumières et qui en viendra à s’inverser diamétralement dans la seconde moitié du XIXe, à partir du moment où certains artistes (Gauguin, Van Gogh) transformeront l’intensité lumineuse en intensité chromatique. À partir de ce renversement, la forte luminosité du Midi ne blanchit plus les couleurs, mais au contraire les exalte, ce qui ouvre une nouvelle étape dans la production chromatique occidentale. La dernière problématique, qui forme partie la plus longue de cet ouvrage, a pour objet un lieu commun qui a la peau dure : celui selon lequel l’aventure de la couleur dans l’art moderne à partir de l’impressionnisme aurait consisté à se focaliser sur les couleurs « spectrales » (rouge, orangé, jaune, bleu, vert, violet) rendues encore plus brillantes et plus éclatantes par l’élimination du noir. On s’efforcera de réfuter cette idée en montrant combien l’aventure de la couleur moderne a eu lieu grâce à la prise en compte du noir et du blanc et non par son rejet, d’abord au XIXe (Turner, impressionnisme et néo-impressionnisme), puis chez les plus grands coloristes du XXe siècle (on s’en tiendra ici à Mondrian, Matisse et Bonnard).

Pour citer ce document

, «Quand la lumière devient couleur», cral [En ligne], Publications, mis à jour le : 12/04/2018
, URL : http://cral-lodel.ehess.fr/index.php?2571.

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